Au collège Émile Combes à Bordeaux, lundi, le menu de la cantine présente un sauté de bœuf halal. Une connotation religieuse qui suscite une vive inquiétude chez certains parents d'élèves.
Le Figaro Bordeaux
Miniroulé au fromage, sauté de bœuf halal, chou-fleur, fromage et fruit. Sur Pronote, le collège Émile Combes de Bordeaux n'affiche aucune alternative au plat principal qui sera servi à la cantine, lundi. «Ce qui choque, c'est qu'on bafoue le principe de laïcité et que c'est assumé», s'indigne Virginie Tournay, porte-parole des Parents vigilants en Gironde. Le mouvement, lancé par Reconquête ! en septembre 2022, a été alerté par le père d'un des collégiens, aussi soucieux qu'offusqué. «Cela inquiète car on cède à une pression communautaire qui cible nos enfants parce qu'ils sont malléables. On leur apprend une manière politisée de vivre et de voir la société alors que le collège devrait justement être un rempart aux problèmes d'adultes», insiste Virginie Tournay.
On cède à une pression communautaire qui cible nos enfants parce qu'ils sont malléables
Virginie Tournay, porte-parole de Parents vigilants en Gironde
La maman d'adolescents met en garde sur une situation qu'elle juge d'autant plus grave que «les parents ne sont naturellement pas constamment en train de regarder les menus de la cantine, surtout dans une école laïque». Pour elle, le problème est moral, sanitaire et politique. Soulignant que «les méthodes d'abattage halal consistent en un large égorgement de la trachée jusqu'à l'œsophage de l'animal», elle estime, d'abord, que cela signifie que l'institution publique «cautionne la souffrance animale».
D'autant plus qu'en France, selon L214, la certification halal exige la mise à morts des bêtes sans étourdissement préalable. Elle avance, ensuite, que la technique confessionnelle «comporte des risques sanitaires». Un danger soulevé en 2020 par la question n°27093 posée dans l'hémicycle par la députée Lise Magnier (UDI), et démenti par sa réponse qui se fonde sur le règlement européen.
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Deux menus au choix
Le département de la Gironde, lui, se défend d'un menu halal imposé à tous en déplorant «une erreur de communication du logiciel Pronote». Conformément à la loi, qui n'interdit ni n'oblige les établissements scolaires à servir des plats à caractère religieux, la pratique est autorisée si elle s'accompagne d'une alternative. Ce lundi, les collégiens bordelais d'Émile Combes pourront donc bien engloutir «des aiguillettes de poulet» s'ils le préfèrent, tempère le Département. Une précision loin de suffire à rassurer le mouvement Parents vigilants qui assume être dérangé par le caractère religieux de la recette.
«Le comble, c'est que cela se déroule dans un établissement scolaire qui porte le nom d'un politique qui s'est battu pour l'adoption de la loi de 1905 (séparant l'Église et l'État, NDLR)», argumente ainsi Virginie Tournay. Avant d'agiter un vieux serpent de mer : l'éventualité du financement du culte musulman par une taxe des mosquées qui attribuent leur certification aux producteurs de viandes halal. «Culturellement, autrefois, on mangeait du poisson le vendredi, mais l'Église n'a jamais touché un centime pour cela», persiste-t-elle. Le Département de la Gironde réfute cette accusation. Il rétorque pour clore le débat, que le choix des menus est à la discrétion des établissements scolaires qui, de surcroît, «sont autorisés à servir de la viande halal sans obligation de le stipuler».
Le Figaro 21 mai 23
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