«Le niveau de bien-être animal pendant le transport n'est pris en compte ni dans le coût du transport, ni dans le prix de la viande», regrette l'institution dans un document d'analyse publié lundi.
La «souffrance animale» doit-elle être prise en compte dans la facture finale du gigot d'agneau ou de la tranche de veau ? Loin d'être saugrenue, cette idée est avancée par la Cour des comptes de l'Union européenne. Dans un document d'analyse publié ce lundi portant sur le transport d'animaux vivants dans l'Union européenne, l'institution revient sur l'encadrement de ces déplacements, et avance des «pistes d'action» pour le renforcer. Un travail réalisé dans le cadre de la révision prochaine de la réglementation européenne en matière de bien-être animal.
La cour rappelle que les animaux sont souvent transportés entre les États membres par les producteurs pour «exploiter les différences de coûts entre les régions», dans un souci de maximisation de rentabilité, d'économies d'échelle et de réduction des dépenses d'abattage ou de production. Or, «transporter des animaux vivants sur de longues distances peut avoir des effets néfastes sur leur bien-être», souligne Eva Lindström, responsable du document. Anxiété, faim, soif, chaleur... Le déplacement, parfois long - 37% durent plus de huit heures, dont 4% plus de 24 heures -, peut être particulièrement éprouvant. En outre, tous les États n'appliquent pas également la législation encadrant le transport des animaux, et des «failles» sont exploitées par les producteurs, tance la responsable.
Face à ce constat préoccupant, les auditeurs suggèrent donc de limiter le nombre de trajets, ainsi que leur durée, et d'améliorer les conditions de transport des bêtes. Et, parmi les pistes suggérées pour dissuader les producteurs, le document propose notamment d'«attribuer une valeur monétaire à la souffrance animale pendant le transport et [de] l'intégrer dans le coût de celui-ci et le prix de la viande». En l'état, le document pointe un manque d'information quant aux «conséquences financières des problèmes de bien-être animal pendant le transport». Un manquement qui «nuit au développement de systèmes d'incitations susceptibles d'encourager les sociétés de transport à prendre des mesures pour prévenir les manquements en matière de bien-être animal».
Une thématique observée de près par les consommateurs
La cour espère ainsi inciter les producteurs à changer leur manière de transporter les animaux, voire à réduire les déplacements, en introduisant des «systèmes d'incitation encourageant les sociétés de transport à prévenir les manquements en matière de bien-être animal, et de réduire au minimum l'attrait économique des pratiques non conformes». Il faudra cependant alors mettre en place une «méthode de tarification de la souffrance animale», qui reste à définir.
Plus largement, le document d'analyse fournit des pistes pour parvenir à «inciter les producteurs et les consommateurs à adopter un comportement durable». Un moyen de concilier bien-être des animaux, qualité des produits pour les consommateurs et respect des règles pour les producteurs. Et ce, alors que les acheteurs sont de plus en plus sensibles à ces questions, en échange de transparence de la part des producteurs : ils sont ainsi prêts à payer plus cher leurs achats, mais «que s'ils sont informés des bonnes conditions d'élevage».